(troubled thoughts and the self-esteem to match)

sujet aux crises de panique et à l'anxiété depuis son adolescence, il est fragile psychologiquement. évidemment, il ne l'avouera pas, mais c'est le diagnostic posé par son psychologue il y a déjà dix-huit ans, suite auquel il suit un traitement. ✻ il adore le skate, lorsqu'il ne conduit pas il choisit ce moyen de transport plutôt que la marche. ✻ il porte des lunettes de lecture, qu'il oublie parfois d'enlever contrairement à la plupart des gens. ✻ sa guitare ne l'a pas quitté depuis ses onze ans, autant dire qu'il ne se débrouille pas mal du tout. c'est bien le seul de ses talents qu'il ose montrer, sans doute car il est caché derrière l'instrument. il est également bon danseur. ✻ les grands espaces et la hauteur (comme un toit, par exemple), sont ses lieux de prédilection. il s'y sent libre, il s'y sent bien, il respire enfin. ✻ son golden retriever, Django, est son meilleur ami. il l'a recueilli dans un refuge il y a un peu moins d'un an car il lui rappelait le chiot offert par ses parents lorsqu'il était enfant. ✻ il ne sait pas nager et déteste l'eau, il ne faut pas lui demander d'aller à la piscine ou à la mer, à moins de le laisser sur le sable. ✻ il est végétarien. ✻ la photographie est l'une de ses passions, il capture tout ce qui attire son regard et se sépare peu de son appareil.


I can't drown my demons, they know how to swim
« Tu le couves trop, Mila. » Planté derrière la porte qu'il s'apprêtait à ouvrir, Novak fait quelques pas en arrière. « Il a vécu un traumatisme, Pete », réplique sa mère, mais le claquement de langue de son père lui apprend qu'il prend cela comme une énième preuve du fait qu'elle est surprotectrice. « C'est un garçon, il ne devrait pas être comme ça... Il ne sort jamais, il est collé à toi en permanence. » Il n'était pas comme ça, avant l'accident. Il était d'ailleurs tout l'inverse, turbulent, toujours à l'extérieur, comme un chien fou refusant de rentrer à l'appel de ses maîtres. Il grimpait aux arbres, passait sa vie sur son skateboard. Aujourd'hui, il demeure enfermé dans sa chambre, observe le monde par sa fenêtre, ne sort que pour se rendre à l'école, ou en pleine nuit pour prendre l'air sur le toit. « Il a peur, ne me dis pas que tu ne comprends pas ça. Par chance, tous les hommes ne sont pas d'égocentriques machos obsédés par le fait de montrer leur soit-disant supériorité. » Elle claque la porte de la cuisine derrière elle, et tombe nez à nez avec son fils. « Oh, mon chéri, tu es là depuis longtemps ? N'écoute pas ton père, Nova. Tu peux prendre tout ton temps pour aller mieux, rien ne presse. » Il a envie de répondre, de lui dire que jamais il n'ira mieux, que son père a raison, qu'il n'est bon à rien et que son accident n'est pas arrivé pour rien: il l'a sans doute mérité. Mais ce sont des choses qu'il a déjà dites à son psy, et celui-ci s'en est trouvé si bouleversé que Novak n'ose en toucher mot à la personne qui l'aime, et qu'il aime, le plus au monde.

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L'eau, partout. Il ne trouve plus la surface, ne distingue pas le fond. A vrai dire, il ne distingue plus rien du tout. Son corps ne répond plus, il est emporté et seul son cerveau demeure encore actif, bien que diminué par la peur. Non, la terreur. Il va mourir, c'est tout ce qui tourne dans son crâne. Il va mourir. Ses pensées se tournent vers ses sœurs: pourvu qu'elles soient en sécurité. Pourvu que Willow, qui l'a toujours pris pour modèle, ne l'ait pas suivi à l'extérieur de l'hôtel. La douleur, dans ses poumons, lui fait oublier cette préoccupation. Il ne peut plus retenir son souffle, il va s'évanouir. Il ne peut pas inspirer, ses poumons se rempliraient d'eau. Il ne va pas mourir, il est déjà mort. Condamné. Cri. Éveillé en sursaut par le black-out dans son rêve, la respiration saccadée, il s'agrippe à ses draps comme il s'accroche à la réalité. Il va bien, il n'est plus sous l'eau. Il tremble comme une feuille, couvert de sueur, mais il est bien à Birmingham, dans son lit, en sécurité. « Désolé. Un cauchemar, je vais bien, retourne dormir », fait-il à l'intention de son aînée ayant accouru et dont la silhouette se dessine dans l'encadrement de la porte. Leurs chambres sont voisines, Kyla subit donc constamment ce genre de réveil. Elle balaie ses excuses de la main: « Tu veux que je reste un peu ? » Il hoche faiblement la tête, et elle vient s'asseoir silencieusement à ses côtés, prenant simplement ses mains dans les siennes. « Dès que je ferme les yeux, la vague se dresse à nouveau devant moi. Quinze mètres d'eau qui engloutissent la plage, les arbres, les villages, et les gens... » Le séisme de 1998, voilà ce dont il cauchemarde si souvent. Le tsunami qui emporte tout et tout le monde sur son passage, ravage les côtes de la Nouvelle-Guinée. Il a encore les chiffres en tête, plus de deux mille morts et dans les cinq cents disparus. Il a fait parti de ces derniers, trois jours durant. « On est à la maison, maintenant. On t'a retrouvé, on ne t'aurait jamais laissé, on aurait jamais arrêté de chercher. »

I'm dying and I'm trying, but believe me I'm fine
C'est complètement seul qu'il s'est installé à Montana à l'âge de vingt-cinq ans. Après des études de cinéma, il a pris la décision de s'éloigner de tout ce qu'il connaissait pour prendre son indépendance et tester sa capacité à se débrouiller par lui-même. Il n'en est pas peu fier, puisqu'il lui a fallu prendre le dessus sur son anxiété pour y parvenir. Sorti de son cocon familial, il a appris la vie par lui-même, trouvé un travail de doubleur (principalement pour de petits films, dessins animés ou documentaires), et entrepris d'améliorer sa vie sociale après des années de peur. Après l'accident, il s'est comme enterré vivant, et cela a duré longtemps. Bien trop. Il a rattrapé cela, ces cinq dernières années. Si ses crises de panique sont toujours fréquentes, il ne craint plus qu'on le voit, n'a plus le sentiment d'être étrange et faible. Sans doute s'éloigner de son père l'a-t-il aidé sur ce point, bien qu'il soit conscient que son géniteur n'a jamais rien voulu d'autre qu'une vie normale pour son fils, et qu'il ne pouvait tout simplement pas comprendre. Il a appris des erreurs de ses parents: le côté mère-poule de sa mère, l'intolérance de son père. Il sait ce qui lui manquait. Un peu de risques et de liberté, se permettre d'échouer. Il vit beaucoup plus sainement, et puis il n'est plus seul.

☾

Il peine à respirer, et des larmes roulent inconsciemment sur ses joues. La main d'une parfaite inconnue serre la sienne, tremblante, tandis que son chien est allongé sur ses genoux dans une tentative de le rassurer. Les battements du cœur de Novak semblent ralentir, au bout de plus d'une demi-heure assis par terre à trembler, et le jeune homme reprend pleinement conscience d'où il se trouve et de ce qui se passe. Il lève un regard reconnaissant sur celle qui l'a aidé, peinant encore à s'exprimer, et Django en profite pour lui lécher le visage.

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Elle s'assied, là, juste devant lui. A deux rangées de là où il se trouve, pour être exact. Sa chevelure de feu l'hypnotise jusqu'à ce que les lumières ne s'éteignent. Une fois dans la pénombre, il tente de s'intéresser à l'écran géant, mais son regard revient toujours sur cette silhouette qui se découpe dans l'ombre, à coup de flashs lumineux. Il l'entraperçoit, et la perd, ce durant toute la projection. Il pense à cette fille, imagine d'où elle vient et ce qu'elle fait. C'est étrange, quand on y pense, il ne l'a même pas entendue parler, elle ne l'a même pas regardé. Il passe les deux heures du film à réfléchir à tout cela, et lorsque l'éclairage se rallume il n'a pas le moindre souvenir de ce qu'il vient de voir. Était supposé voir. Cependant, il a le sentiment d'avoir vu bien plus important, qui file maintenant vers la sortie. Il lui emboîte le pas après une vague hésitation, sans savoir ce qu'il peut lui dire, comment l'aborder. Il reste planté à la sortie de la salle, incapable de trouver les réponses à ces deux questions, préférant en rester là. La regarder s'éloigner, espérant trouver un jour un moment plus propice à une discussion. A leur rencontre. Ce n'est qu'une impression, mais il pense que lui parler serait une chose simple et belle. Importante. Dans une ville comme celle-ci, n'a-t-il pas toutes les chances de la revoir ? C'est du moins ce qu'il espère.

pseudo/prénom : vespertine, appelez-moi nawal. âge : 96 yo région : Belgica commentaires : booya