Ryan Bass ~ I lost a thing in my life : my past

Issu d’un milieu modeste compliqué, leur famille accumulait les dettes et les pétrins. Ils ont déménagé onze ans après la naissance de Ryan, leur père ayant dû retourner en Irlande pour une raison qui leur était inconnu, même s’il évoquait le fait d’une opportunité de travail. ♦ Ils ont vécu 8 ans à Galway. Leur situation financière s’est améliorée même si tous savaient que l’argent était sale. Ryan n'a jamais supporté ce qui pouvait être colporté au sujet de sa famille, et l'a très mal vécu. ♦  2 ans après le décès de leur père, la famille a quitté Galway et l’Irlande pour retourner vivre à Montana, dans le Wyoming aux Etats-Unis. Ville de naissance de la fratrie et surtout de leur mère. Elle a souhaité y retourner vivre quand on lui a diagnostiqué un cancer. ♦ Ryan a suivi un chemin complétement différent de celui de son frère Hunter, pour ne pas dire l'extrême opposé. Il a toujours été persuadé que l'argent sale finirait toujours par rattraper celui qui le détenait, et ne serait que créateur de malheur. ♦ Voulant protéger sa famille suite à la perte de son père, il s'est mis en tête de tout faire pour entrer dans les forces spéciales.  ♦ Il a donc intégré les voies de l'armée, plus spécifiquement l'armée de l'air. ♦ Repéré en premier lieu par la CIA, il mit moins d'une seconde à accepter l'offre qu'on lui faisait. ♦ Officiellement, il est pilote de l'armée de l'air. Officieusement, c'est un agent de la CIA. ♦ Il y a quelques mois, il disparut officiellement dans un crash d'avion lors d'une mission.

   Savez-vous la sensation que l'on peut éprouver en se réveillant dans un endroit que l'on ne connait pas, ou ne reconnait pas ? Je ne parle pas d'une soirée trop arrosé qui laisse un trou noir sur ce qu'il y a bien pu se passer. Je parle d'un trou noir qui laisse une place béante et qui nous désarçonne complétement. Votre corps a souffert, mais des gens bienveillants semblent prendre soin de vous. Tout ce que je peux vous dire à mon réveil, c'est que j'étais submergé entre un mal de crâne atroce, un corps ayant subit un grave traumatisme, et une mémoire complétement défaillante. Rajoutez à cela le fait que vous vous rendez compte que vous ne vous trouvez pas dans un hôpital, ni chez vous, mais dans un autre pays, et vous avez un combo effrayant qui ne vous aide pas à vous relever. Alors, vous essayez de retracer le chemin qui vous a mené jusqu'ici. Je m'appelle Ryan Bass, membre d'une famille de 6 enfants. J'ai.. trois sœurs et deux frères. J'habite à ... franchement c'est n'importe quoi. J'essaie de me persuader que ma mémoire reviendra comme ça, d'un claquement de doigts, mais en vérité je n'en ai pas la moindre idée. Cela fait maintenant des jours et des jours que j'ai l'impression d'avoir perdu une partie de ma vie, et d'avoir une plaie béante à la place, et rien ne semble progresser ou en tout cas aller dans la bonne direction. Alors si, effectivement, je pourrais m'estimer heureux d'être encore en vie et de me souvenir de tout le reste. Mais bordel... 4 ans. Quatre ans qui se sont envolés. Quatre années qui m'empêchent de savoir ce que je fiche ici. Je n'ai toujours pas recontacté qui que ce soit. Ni mes proches, ni le bureau. L'un pour les laisser en sécurité, l'autre parce que je ne sais pas si j'ai été trahi de l'intérieur ou non. Tout ce que je sais à l'heure actuelle, c'est que je me trouve en Russie, et qu'il doit y avoir une bonne raison à ce que je me trouve là, et qu'on ait voulu ma mort. Ai-je été négligeant ? Ai-je été trahi ? Et surtout, à qui faire confiance ? Aujourd'hui, je fais plus confiance à une famille de paysans russes qu'à quiconque. De toute manière, je n'ai pas le choix.

Je me souviens d'un temps lointain où nous étions tous réunis, en famille. Mon père était encore là. Nous étions en Irlande. Et déjà, la notion de confiance était quelque chose de central. Mon père et mon frère Hunter étaient trop souvent ensemble et retirés de la famille pour que ce ne soit pas remarquable. Pour autant, ne devais-je pas leur donner ma confiance ? Mes soeurs et mon autre frère, ainsi que ma mère, avaient eux toute ma confiance. J'entends par là mon plus profond respect. Pas que je mettais Hunter et Papa de coté, mais plutôt qu'ils s'y mettaient eux volontairement. A vrai dire, pendant cette période, je n'ai jamais su vraiment ce qu'il pouvait se passer. Peut être tout simplement parce que je ne le souhaitais pas. Les ragots suffisaient déjà à me mettre en colère plus que de raison, de savoir que le reste de la famille pouvait pâtir de leurs erreurs. Nous avons toujours appris à nous serrer les coudes, pour autant il n'était pas acceptable que certains nous fassent couler.
Léanne a toujours été d'accord avec moi pour ça. La famille passait avant toute chose, quoi qu'il advienne, même si nous ne pouvions cautionner le chemin que pouvaient emprunter certains membres. Ne pas cautionner, mais ne pas abandonner non plus. Alors le plus souvent, nous fermions les yeux. Était-ce pour autant la meilleure chose à faire ? Non, je ne le crois pas. Je nous considère comme les piliers de la famille, les fondations en quelque sorte. A tort ou à raison d'ailleurs.
Étrangement, je me suis toujours senti plus proche de mes sœurs que de mes frères. Pas que je ne partageais rien avec les hommes de la famille, mais plutôt que j'arrivais à avoir plus d'affection avec mes sœurs. Peut être par sentiment de protection, ou je ne sais quoi. Sans doute parce que je projetais le comportement de Papa sur Hunter, entre autre. Et pour ça, il y avait Léanne, dont j'étais le plus proche peut être dû à son âge, mais aussi Milla et Eileen. Mes trois étoiles.  
Milla est ma deuxième étoile. Un tout petit peu moins proche que je peux l'être de Léanne, mais c'est vraiment négligeable tellement la différence est fine.
Eileen est la troisième, sœur jumelle d'Ethan. Et les deux malheureusement sont nettement plus proche de Hunter. Je ne suis pas jaloux, après tout nous avons chacun nos préférences, ainsi va la vie. Je suis juste ... en fait, j'en sais rien, je n'aime pas ce qu'Hunter pourrait leur apporter, ou les bercer d'illusions. Surtout en voyant qu'Ethan fait tout pour lui ressembler. Mais je laisse faire. Je veille simplement. C'est à eux de faire leurs propres expériences de la vie. Et c'est à moi de les recadrer si besoin est.
Et puis, il y a ma mère. J'aurais tant de choses à dire que je préfère laisser les choses en l'état. Ma mère c'est ma mère. Intouchable.

[...]

Il parait que je suis resté des mois dans le coma. Mikhail et Ania, mes deux sauveurs, m'ont retrouvé à quelques mètres de chez eux. Étendu sur le sol. Cela fait maintenant trois mois que j'essaie de me remettre sur pieds, et de recoller les morceaux d'un vase qui semble irréparable. Pour autant, je ne lâche rien et ne perd pas espoir. Ce qui me fait le plus mal dans l'histoire, c'est ce que doivent ressentir mes proches. A l'heure qu'il est, je dois être déclaré mort, dans une circonstance au choix. Mais je ne pouvais pas prendre le risque de les contacter. La rééducation, ou ce qui y ressemble, se passe mieux que je ne pouvais l'espérer. Plus les jours passent et plus cela me rapproche de ma date de départ. Heureusement qu'il me reste des papiers sur moi. Je sais que dès que je rentrerais et que je poserais un pied sur le sol américain, mes heures seront comptées pour tenter de mettre les choses au clair. Mais je me dois de le faire de cette manière.
Je n'aurais jamais pensé qu'un couple russe fasse tout cela pour moi. Après tout, avec tout le matraquage que nous subissons matin midi et soir à propos de la Russie et de la supposée Guerre Froide, il suffit de se rendre sur le terrain pour se rendre compte que la réalité est une chose complétement différente. Je sais ce que je leur dois, et je leur ai promis de ne jamais perdre contact. C'est comme une deuxième famille pour moi. Le garçon qu'ils n'ont jamais pu avoir, en quelque sorte. Et je leur serais redevable à tout jamais. Eux, et leur fille, qui m'a soigné tout au long de ma convalescence. De mon coma, jusqu'à mon départ. Je ne l'oublierai jamais.. Mais chaque chose a un début et une fin, et il est bientôt temps pour moi de partir. Quitter une famille pour en retrouver une autre.

[...]

C'est ici. C'est là que je suis censé vivre et habiter. Je viens d'arriver aux États-Unis et c'est l'information que j'ai pu avoir. Elle est fiable. Pourtant, je ne me rappelle pas. Je n'y arrive toujours pas. Cette maison n'est pas ancienne et je n'en suis pas propriétaire depuis longtemps de toute manière. Mais le plus troublant reste qu'il y a de la lumière, parfois. Une femme s'y trouve. Je me suis posé la question si ma famille avait revendu la maison une fois ma disparition apprise, mais ça ne semble pas être le cas. Alors, qui cela peut-il être ? Une couverture ? Une amie de la famille ? Une agent de la CIA ? Je ne pouvais pas tenter une approche frontale mais il m'était cependant difficile d'avoir plus d'informations que cela dans un temps aussi court. Je devais faire vite, et faire bien. Pas question de recontacter ma famille tout de suite. Je devais savoir qui elle était, ce qu'elle faisait ici et surtout, ce qu'elle savait sur moi. Parce que si c'était un agent de nettoyage comme on les appelle, je n'aurais qu'une seconde pour réagir. La seconde d'après, il sera bien trop tard.
Plus je me rapprochais de la porte d'entrée, plus je me disais que j'allais enfin savoir la vérité. En tout cas, une vérité. Pas forcément une qui allait me plaire. Je n'en savais rien en fait. Je n'avais toujours pas réglé la question d'une possible trahison, et elle pouvait très bien faire partie du jeu. Elle était aussi magnifique qu'énigmatique. Ses boucles blondes rendaient son visage encore plus attrayant.  Elle semblait aller à ses occupations comme si elle avait toujours vécu là, et semblait vivre normalement. Elle avait cependant parfois un air triste légèrement perceptible, qu'elle tentait de dissiper avec quelques sourires fugaces. Mais je restais là, à l'observer. J'avais l'impression d'avoir déjà fait cela auparavant. La regarder sans qu'elle s'en rende compte. Mais rien, rien ne me venait, si ce n'est cette sensation de déjà vu. Je ne pouvais rien certifier, certainement pas aujourd'hui.
Il me suffirait de frapper à la porte pourtant, elle ouvrirait et je verrais directement sa réaction. Ou alors, me retrouver dans le salon, dans le noir avant qu'elle n'allume la lumière. Ou déposer une lettre en indiquant que je sais où se trouve Ryan. Ou la surprendre avec mon arme sur la tempe. Effet garanti aussi. Pourtant, je savais que si c'était une traitresse, rien ne paraitrait. J'avais la main sur la poignée, et je n'arrivais pas à me décider. La peur. La peur de l'inconnu. C'était ma maison, j'étais formel là dessus. Je connaissais aussi plus ou moins son identité, ou pour qui elle se faisait passer. Pour autant, je me sentais plus en confiance lorsque je me trouvais au sein de ce couple russe à mon réveil qu'à cet instant précis. J'étais face à mon destin, et il fallait que je commence à reconstituer le puzzle. Je n'avais qu'une seule pièce en main. Il ne tenait qu'à moi de retrouver les autres.