You'll find me in the region of the summer stars - Maria

La tranquillité ne semblait pas me vouloir. Quelques jours plus tôt, des caméras avaient envahi les rues de Montana, pour une stupide émission que ma mère adorait regarder. En vérité, je ne comprenais ce qu’il y avait d’intéressant à écouter des gens parler d’autres gens qu’ils ne connaissaient pas, mais avec qui ils allaient devoir nouer une relation. C’était truqué, exactement comme tout ce qu’il se passait à la télévision. Même les informations étaient erronées … J’en avais fait les frais quelques années plus tôt, à propos de l’accident et de la chute en bourse que mon coma avait provoqué. Rien de ce qu’ils avaient dit n’était vrai, mais les gens croyaient ce tissu de mensonges.

Alors, si on ne pouvait même plus faire confiance aux chaines d’informations, comment pouvait-on croire à l’amour dans une télé-réalité ? A Manhattan, ou du moins parmi mes connaissances, je savais que les jeunes filles adoraient commenter sur Twitter tout ce qu’il se passait dans ces émissions. C’était un de leur passe temps, du gossip sur le peu de choses qu’on acceptait de nous montrer. Je n’avais jamais compris leur intérêt, mais je savais qu’elles observaient toutes. Parce qu’elles voyaient peut-être là-dedans la possibilité de trouver l’amour sous toutes ses formes. Dans les champs, les huit-clos, les voyages, les îles … tout était fait pour distraire et prouver que l’amour n’avait pas de visage.

Si je ne connaissais pas l’amour comme je le convenais, je connaissais au moins la vie. Et ce qui était derrière ces caméras, ce n’était pas la vie. C’était une production pour amasser de l’argent, rien de plus. Je voyais donc d’un mauvais œil l’installation de l’émission dans cette ville loin de tout. On la mettait sur le devant de la scène alors que je tentais de disparaître, de goûter à la vie loin d’une grande ville, loin des caméras et des paparazzis. Je faisais tout pour les éviter. Je ne voulais pas me retrouver en arrière plan, ni même être interrogé concernant les habitants et leurs hobbies.

J’étais d’ailleurs en train de faire un footing lorsque je croisai la présentatrice autour du lac. Entourée de caméras, elle semblait pourtant d’humeur bougon et ne cessait de gesticuler. Même en coupant la musique de mon casque, je ne pouvais distinguer ce qu’elle disait. Qu’est-ce que je disais ? Sous ses airs de présentatrice amoureuse de la nature et proche de ses candidats, se cachait en vérité une véritable diva pour qui les choses ne semblaient pas se dérouler comme prévues.

Je tournai la tête et continuer à courir, préférant m’éloigner de ce cirque avant de devoir y participer. Je fis plusieurs fois le tour du lac, et constatai avec plaisir que les caméras avaient disparu. Du moins c’était ce que je pensais, avant d’être stoppé dans mon élan par la présentatrice, qui arrivait dans ma direction sans même m’avoir vu sur son chemin.