You are like a brother + Mylo

You are like a brother Je ne me souvenais même pas de la dernière fois où j'avais pris du temps pour moi. Cela n'était pas arrivé depuis longtemps. Ma vie avait radicalement changée depuis six mois. Avant, il n'y avait que moi. Je consacrais la plupart de mon temps à mon travail d'illustratrice, à voir mes amis et à faire de longues balades avec Bianca. Je n'avais pas tellement de responsabilités. Si ce n'est de rendre mes dessins dans les délais et de payer correctement mes factures. Je vivais au jour le jour, sans vraiment me soucier de l'avenir. Je n'avais jamais été inquiète a propos de cela. Certaines personnes passent leur temps à planifier le future plutôt que de vivre leur vie. Je préférais vivre dans le présent. Le passé est révolu et le futur n'est pas encore là. En revanche, il suffit d'un instant pour que toute une existence bascule complètement. Celle de ma famille avait été bouleversée un soir de septembre. Freya était morte et notre famille s'était brisée ce jour-là. Elle n'avait pas eu un accident ou succombé à une grave maladie. Non. Elle avait été tuée. L'homme qu'elle aimait l'avait tellement frappé qu'elle en était morte. J'espérais qu'il pourrirait en prison, mais ça ne serait pas une peine suffisante. Rien ne pourrait nous ramener Freya. J'avais toujours été proche de ma grande sœur, même si on se voyait moins depuis quelques années. Je me sentais un peu perdue sans elle. Bien que j'essaye de ne rien montrer. Je ne le voulais pas et je ne le pouvais pas. Ma nièce, Evie, avait besoin de moi. Ma vie tournait autour d'elle à présent. C'était très difficile, car elle souffrait beaucoup et parce que j'étais loin d'être la tutrice idéale. Pourtant, c'était moi que Freya avait choisi. C'était ce qui était dit dans son testament. Elle aurait pu décidé de confier la petite à nos parents. Maman était la mère idéale. Freya avait sans doute eu ces raisons de me désigner et je comptais bien prendre soin d'Evie. C'était mon rôle, même si c'était compliqué. Les beaux jours revenaient et on avait convenu qu'Evie passerait le week-end chez ses grands-parents. Ils étaient toujours ravis de pouvoir la garder un peu. Je savais que ça leur ferait plaisir. J'avais décidé de profiter de cette soirée pour proposer à Mylo de sortir. On avait pas eu l'occasion de faire ça depuis un moment. On avait décidé de se donner rendez-vous au « diner ». Rien de très diététique, mais c'était un endroit convivial. J'arrivais en avance et je m'installais à une table, attendant l'arrivée de Mylo pour commander quelque-chose.

You are like a brother Mylo arrivait avec quelques minutes de retard, mais je ne lui en tenait pas rigueur. Il m'avait prévenu par sms et puis, l'important c'est qu'il soit là maintenant. Il déposait un baisé sur mon front, tel un grand-frère protecteur et s’asseyait en face de moi. Mylo et moi, c'était une amitié de longue date. Il était comme un frère. Je le connaissais depuis aussi longtemps que Susan ou Raley. On avait tous grandit dans cette petite ville et on avait le même âge. Nous avions évolué ensemble. Certains d'entre nous, avaient quittés Montana, le temps de faire nos études, mais nous étions tous revenus. Nous étions attachés à ce petit coin perdu du Wyoming. C'était chez nous. Je crois que je ne quitterais jamais vraiment cette ville. Il était possible que je m'en aille, mais cela ne serait que temporaire. J'avais vécu quelques années à Providence pour mes études dans cette école d'art. Ça avait été très difficile au début. Je suis une fille de la campagne. Providence et ses habitants ne ressemblaient en rien à Montana. J'avais tout de même fini par me faire quelques amis, par m’habituer au vacarme des grandes villes. Mais je m'y sentais oppressée, pas à ma place. J'étais rentrée dès que j'avais pu. Ce qui était bien, c'est qu'à présent je pouvais travailler de la maison. Je n'avais pas besoin d'aller au bureau chaque jours. Je faisais mes dessins chez moi. Même si il m'arrivait aussi de devoir faire des déplacements pour rencontrer mes clients. « Ouais rattrape-toi... » Je souriais. Je plaisantais. Je ne lui en voulais pas d'être en retard. Puis, il ne m'avait pas fait tant attendre que ça. « A qui le dit tu ! J'ai l'impression que ça fait dix ans que je suis pas sortie le soir. » La plupart de mes soirées, je les passais à la maison, avec Evie. Je tâchais de la coucher tôt, car elle était scolarisée et je voulais qu'elle soit en forme à l'école. C'était déjà difficile pour elle de se concentrer sur ses leçons vu la situation, ses notes s'en étaient fait ressentir. « Alors, ça va ? De nouveaux projets photo à l'horizon ? » Mylo avait lui aussi choisi une profession artistique, qui le passionnait. On aimait bien partager nos histoires, s'encourager mutuellement.

You are like a brother Ces petites soirées m'avaient manquées. C'était des choses qu'on faisait régulièrement avec Mylo, mais cela était plus rare désormais. Je ne pouvais plus sortir quand bon me semblait, sur un coup de tête, prévenir au dernier moment et lui proposer de se retrouver au pub du coin. Non. Il fallait que je m'organise à présent. Je comptais bien garder du temps pour mes amis. Ils avaient toujours été importants pour moi. Mylo, Raley, Susan, ils étaient pratiquement des membres de ma famille. Je m'arrangeais pour concilier ma vie de jeune – presque – trentenaire et mon nouveau rôle de tutrice. Jamais je n'aurais imaginé me retrouver dans cette situation : moi m'occupant d'un enfant. A vingt-huit ans, je pensais surtout à mon art et à profiter de chaque instant à fond. J'étais comme ça. Je vivais pleinement le présent et je ne m'occupais pas tellement de l'avenir. Ma sœur s'était mise en ménage très vite, elle s'était mariée, puis Evie était née. Elle semblait faite pour cette vie de famille. Elle avait toujours sût qu'elle voulait un enfant. Moi, je ne m'étais jamais posé ce genre de questions. Mais Freya n'était plus là et je devais prendre soin de sa fille, ma nièce. Je savais que je ne serais jamais à la hauteur de ma sœur, je n'étais pas comme elle, même si j'aimais Evie. Je voulais faire de mon mieux pour qu'elle retrouve le sourire, qu'elle continue d'avancer malgré la perte de sa mère. « Sérieux ? Raconte ! Tu vas accepter ? » J'étais très curieuse d'en savoir plus. Mylo et moi nous étions toujours soutenu. Nous n'avions pas choisi la facilité en décidant de suivre nos rêves. C'est pas facile de vivre des métiers artistiques. Ce sont des univers rudes, parfois assez fermé ou il faut se faire sa place. J'étais ravie que Mylo ait une si belle opportunité de poste. « Ça va de mon côté. Je crois qu'on commence à prendre nos marques avec Evie, mais je ne te cache pas que c'est pas toujours facile. » Puis à sa question, je reprenais la parole : « En ce moment, je bosse sur l'illustration d'un bouquin et j'ai toujours ma petite rubrique dans le journal local. » Je proposais une petite bd humoristique à la fin de chaque journaux depuis quelques temps. Je jetais un rapide coup d’œil au menu, même si je savais déjà ce que proposais le dîner. D'ailleurs la serveuse arrivait vers nous pour prendre la commande.

« Sérieux ? Raconte ! Tu vas accepter ? » Tu souris à la question de la demoiselle, tu avais été surpris toi aussi lorsque tu avais eu la proposition. « J’avais vu qu’ils recherchaient un photographe, quelqu’un avec qu’ils n’avaient pas l’habitude de travailler, alors j’ai envoyé des éléments de mon travail. Et faut croire que ça leur a plu parce qu’ils m’ont proposé le contrat. » A dire vrai, tu avais postulé juste comme cela, tu n’espérais pas réellement être choisi, parmi tous les photographes qu’il peut y avoir. Tu ne pensais pas être celui qu’ils appelleraient.  « Si je vais accepter ? Oui je pense, ce n’est que quelques temps pas toute une vie. C’est un contrat ponctuel on va dire, pour un seul projet. Mais qui sait, peut-être que si ce que je fais ça leur plait vraiment, ils pourraient me proposer d’autres contrats, ou même me proposer à d’autres personnes. » Tu rigoles légèrement. C’est un contrat plutôt cours, seulement de deux ou trois mois il te semble. Alors c’est clair que tu pourras survivre hors de ta petite ville. De plus, rien ne t’empêches de revenir entre temps. C’était une bonne opportunité de te faire un réseau et tu en étais conscient. « Ce serait une erreur de refuser, tu ne trouves pas ? » Tu aimes bien connaitre l’avis de ton amie, savoir ce qu’elle pense de tout cela. « Ça va de mon côté. Je crois qu'on commence à prendre nos marques avec Evie, mais je ne te cache pas que c'est pas toujours facile. » Tu imagines bien que ça ne doit pas être facile, ni pour elle et ni pour Evie. « Et elle vit comment tout ce… changement ? » Changement n'est peut-être pas le terme le plus approprié, mais tu ne sais pas quel autre mot choisir. Tu sais bien que pour un enfant, perdre un parent ou même les deux est quelque chose de vraiment dur. Même si Evie est bien entourée avec Livia et les autres membres de sa famille, elle doit certainement ressentir un vide en elle. « En ce moment, je bosse sur l'illustration d'un bouquin et j'ai toujours ma petite rubrique dans le journal local. » Tu regardes toujours sa rubrique dans le journal, tu aimes beaucoup ce qu’elle fait, depuis toujours. « Un bouquin sur quoi ? Ah ta rubrique ! Je ne manque pas un seul épisode. » elle sait très bien ce que tu en penses. Tu lui as déjà dit à plusieurs reprises. « Tu sais ce que tu veux prendre ? » demandes-tu à ton amie alors que la serveuse arrive vers vous. Tu sais déjà ce que tu vas prendre toi, un hamburger et des frites. Oui, aujourd’hui tu as envie de manger bien gras.

You are like a brother C’était une super nouvelle ! J’étais contente que cette opportunité se présente pour Mylo. Il le méritait et il faisait du bon travail. C’était un photographe talentueux et sérieux dans son travail. Je ne disais pas cela parce qu’il était mon ami, mais parce que c’était vrai. J’étais donc toute contente de l’entendre m’annoncer cela, même si ça impliquait un départ pour New York. Mais je n’étais pas le genre d’ami possessive qui refuse de voir ses proches partir. Je savais bien que parfois, partir était nécessaire. Puis je savais aussi qu’on ne perdrait jamais le contact avec Mylo. « Tu m’étonnes que ça serait une erreur de refuser ! Un poste un New York ce n’est pas rien et c’est une opportunité en or. Je serais toi, je n’hésiterais pas une seule seconde. Qui sait si ça se représentera un jour… Puis ouais ça pourrait te faire connaître et puis ouais tu pourras sans doute lier des connaissances qui t’apporteront d’autres possibilités. Quand on est artiste, faut saisir ce qui se présente. » Mylo savait aussi bien que moi ce que c’était. On n’avait pas choisi des professions sûres. On savait rarement les contrats qui allaient se présenter et nos salaires n’étaient pas fixes. Ce n’est pas comme quand on est salarié dans une entreprise et qu’on est sûr d’avoir un certain montant chaque mois. Là, cela dépendant des contrats qu’on avait effectués. « En tout cas, je suis fière de toi. Du coup ça nous fait un truc a fêter ce soir ! » Je souriais. Puis, Mylo me demandait des nouvelles d’Evie. Il connaissait bien ma situation et celle de ma famille. A Montana, les choses ne restent jamais secrètes bien longtemps. Tout le monde semble toujours savoir tout sur tout le monde. Mais Mylo n’était pas n’importe qui. Il était un de mes plus proches amis, donc il savait combien c’était difficile. « Difficilement. Je trouve qu’elle se renferme sur elle-même. C’est une gamine assez silencieuse et d’ailleurs, j’ai été convoquée à son école. » Quand Mylo s’intéressait à mon travail, je répondais alors : « Vraiment ? J’avoue que j’adore faire cette rubrique et le journal me laisse pas mal de liberté parmi les sujets d’actualité, alors je suis contente. Et le bouquin en projet c’est un livre pour enfants. Rien a voir avec mes bd, mais j’aime bien diversifier mon travail. » Je jetais un rapide coup d’œil à la carte avant de relever mon regard sur Mylo et la serveuse qui était arrivée. « Ouais je vais vous prendre un hamburger et des frites. Après tout on a dit que c’était jour de fête alors je peux bien faire un petit écart. » Je souriais et la serveuse notait la commande en souriant, avant de repartir en cuisine.

Ce que tu aimes bien avec Livia, c’est qu’elle te comprend. Elle peut comprendre ce que tu vis, ce qu’effectuer ton métier peut engendrer. Elle sait très bien que ce n’est pas évident de se faire une place dans ce milieu, dans ce type de métier. Tout comme tu sais que ça ne l’est pas non plus en tant qu’illustratrice. Alors, elle est de bon conseil, et c’est certain que ce n’est pas elle qui l’empêchera de réaliser ses rêves, d’aller au bout de ses objectifs. « T’as totalement raison ma chère Livia, je ne sais même pas pourquoi j’hésite au fond. C’est forcément une bonne chose pour moi, ma carrière. Tu as carrément raison. » Tu lui souris avant qu’elle ne finisse par te dire qu’elle était fière de toi et que c’était quelque chose à fêter. « Merci ma belle. Fêtons ça oui. » Tu rigoles légèrement, ce n’est pas que vous avez forcément besoin de quelque chose à fêter, mais c’est une bonne nouvelle, alors le fêter ce soir, pourquoi pas, du moins un peu. Tu ne pouvais qu’imaginer la douleur d’Evie, perdre des parents c’est toujours dur. Tu ne t’imaginais pas perdre tes parents, même si tu es grand, et même si ceux sont tes parents adoptifs, tu ne fais aucune différence. Tes parents, point barre. Quand tu étais plus jeune, tu avais l’impression d’avoir perdu tes parents, tes vrais parents, quand tu as appris que tu avais été adopté, mais cela n’a été que bref, ça n’a duré que quelques semaines ou peut-être quelque mois, avant que tu te rendes compte que des parents, c’étaient des personnes qui acceptaient de t’aimer, de t’aider, te protéger et te guider quelques soit les limites. « Elle voit quelqu’un ? » tu demandes, avant de rajouter. « Pour parler de ce qu'elle ressent ? » Ah l’école. « Par rapport à son renfermement tu as été convoquée ? » La vie ne devait pas être facile pour la petite fille ces temps-ci, et ça le sera pas pendant un certain temps. Mais tu es certain que Livia fera tout ce qu’il faut pour qu’elle aille mieux. Pour qu’elle aille bien. « Vraiment oui. La liberté, c’est certainement cela c’est mieux, quand tu peux dire ou montrer tout ce que tu veux. » Tu réponds lorsque vous évoquez son travail. « J’ai hâte de voir ce bouquin alors. » Elle a raison de se diversifier, faire plusieurs choses différentes c’est plutôt cool. « Tu as bien raison ma chère. » Tu souris également et observes la serveuse aller donner nos commandes avant de retourner ton attention sur ton amie.