you. again. |Ariel&Mylo

J'avais pris par habitude de me promener au parc lorsque je ressentais le besoin de me changer les idées, passer un instant calme durant quelques heures sans les inquiétudes qui pouvaient me tourmenter ou autre. Comme aujourd'hui, j'aime prendre mon temps pour boire mon chocolat chaud sur un banc tout en observant les gens se promenant dans le parc. Des chiens et des gosses courraient dans tous les sens. Je ne demeure pas aveugle face au monde qui m'entoure, au contraire, j'aime apporter mon attention sur les passants et puis, ce n'est pas comme si j'avais mieux à faire. J'avais mise mon téléphone en silencieux pour ne pas être dérangée par quoi que ce soit. Voilà une bonne heure que j'étais ici, dans ce parc, soit à me promener, soit en restant paisiblement installée sur un banc. Il est maintenant temps de bouger et de retourner à la vie réelle. A peine ai-je le temps de mettre les pieds sur le parking, qu'une voix familière m'interpella. « Ariel ! » Je reconnais suffisamment cette voix pour me figer instantanément. Était-ce bien la voix de Mylo Mohan? Il n'y a qu'une seule façon de le découvrir. Je me tourne délicatement vers lui, faisant face à ce visage que je n'avais pas croisé il y a bien longtemps. Une sensation étrange au fond de mon estomac que je tente de cacher "Mylo! Ça fait longtemps!" A vrai dire, la dernière fois où je l'ai vu, c'est lorsque j'ai mis fin à notre relation. "Comment vas-tu?" Je garde le sourire, ne voulant pas paraître brute en passant mon chemin. L'affronter aujourd'hui est une chose qui me stresse, c'est pour cela que j'avais passé mon temps à le fuir.

Je me retrouve figée, ne sachant pas si faire à nouveau face à Mylo est une si bonne idée. J'avais rompu avec lui, mais peut-être à contre-cœur, mais depuis, de l'eau a coulé sous les ponts, c'est une vieille histoire, n'est-ce pas? J'ai un doute en moi, en tout cas, il garde le sourire, alors j'en fais de même, me montrant ainsi ravie de le retrouver. Ça faisait un baille que je ne l'avais pas vu, il suffit que je me tourne afin de lui faire face pour me rendre à l'évidence qu'il est toujours autant séduisant. Ce regard, ce sourire, ces choses qui avaient su me faire craquer auparavant. Je me force à regarder ailleurs, envahie par ce sentiment de faiblesse, je n'aime pas me sentir ainsi en présence d'un homme. Je garde bien plus souvent la tête haute. « Oui c'est sûr que ça fait longtemps. » Très longtemps oui, quelques souvenirs me parvinrent même à l'esprit, mais je préfère me concentrer sur tout autre chose, comme les quelques personnes déambulant dans le parc un peu plus loin. Comment va-t-il? La première fois que je me soucis de lui, que je lui adresse la parole depuis de longues années « Je vais bien merci, et toi ? » J'esquisse un petit sourire, posant à nouveau mon regard sur lui alors que j'avais tenté de fuir celui-ci "Je vais bien aussi" Je n'ai pas pu m'empêcher non plus de faire un pas en sa direction "Alors... qu'est-ce que tu deviens?" Je repère bien entendu cet appareil photo en sa possession "Toujours les mêmes passions?" Je me souviens déjà qu'à l'époque, il ne pouvait pas s'empêcher de faire quelques clichés de tout ce qui l'entourait.

Quelle étrange sensation de me retrouver face à lui, je n'arrivais point à l'expliquer, mais ce sentiment de gêne s'empare bien vite de moi. Me retrouver face à lui, c'est un saut direct dans le passé, ces souvenirs normalement oubliés me reviennent en tête et je ne trouve pas cela agréable, alors oui, je suis gênée, car la dernière fois que je m'étais retrouvée devant lui, c'était pour lui dire que tout était fini. Restant bien vague sur les raisons, je n'avais pas besoin de me justifier... enfin, peut-être bien que si, mais je n'en avais pas la moindre envie à cette époque-là, clairement bien trop compliqué de me l'avouer autrefois. Remarquant cet appareil photo, je souris aussitôt, toujours cette même passion, d'un côté, cela me fait plaisir de voir qu'il n'a pas abandonné ce en quoi il croyait « Et oui toujours, j'ai fait de ma passion un métier. » Il a réussi, faire de sa passion un métier, il se l'était en quelque sorte promis, ces longs moments à partager avec moi cette passion, je suis fière de le voir épanoui dans sa vie. « Et toi alors ? Tu deviens quoi ? » Faire de sa passion un métier, j'ai suivi ce même chemin "Et bien... je suis éditrice" Passionnée de littérature, j'ai repris le flambeau, reprenant l'affaire autrefois lancée par ma grand-mère, l'unique femme qui m'a transmise cette passion pour ces histoires.« Tu es pressée ou tu as le temps de discuter un peu ? » j'observe ce banc qu'il me désigne, hésitante. Je suis bien restée de longues heures en sa compagnie, cela ne pourrait pas me faire de mal, mais la crainte demeure, je n'ai pas envie de me justifier ou quoi que ce soit d'autre. J'observe Mylo et puis après tout, de l'eau a coulé sous les ponts, toute cette histoire devait lui passer par-dessus la tête aujourd'hui, rien à craindre "J'ai du temps devant moi" Fis-je en souriant avant de me diriger vers le banc libre "Tu vis donc toujours dans le coin?" Je me serais imaginée le voir faire le tour du monde, immortalisant chaque lieu visité au travers de quelques clichés.

Ravie de constater qu'il est allé au bout de ses rêves, je ne peux pas cacher ce sourire se dessinant sur mes lèvres lorsqu'il m'avoue être devenu photographe. Je me souviens encore de ces moments passé derrière son objectif, à immortaliser tout ce qui avait su capter son attention, son regard. « Editrice, c'est plutôt cool. Alors on peut dire qu'on a tous les deux réalisé un de nos rêves non ? » En effet, sa passion pour la photographie et moi pour la littérature. "On peut dire ça, oui" Un hochement de tête avant d'observer ce banc sur lequel il souhaitait se poser quelques minutes. Une seconde de réflexion avant de finalement accepter. Il n'y a rien de mal à renouer avec un vieil ami du passé, si on oublie ces petits plus qu'on avait autrefois partagés. Je constate une chose alors que je prends place sur le banc, Mylo est toujours à Montana, ce qui m'étonne, je pensais qu'il serait parti vers de nouveaux horizons. « Oui, toujours à Montana, il y a des choses qui ne changent pas. » En effet, certaines choses ne changent pas, pourtant de mon côté, j'ai ce sentiment que tout a changé depuis quelques années. Je me suis perdue, tentant aujourd'hui de me retrouver. « Je me suis déjà dit qu'un jour je partirai, mais on ne va pas se mentir, j'aime trop cette ville pour m'installer ailleurs. » Je pose mon regard sur Mylo, le sourire au coin des lèvres « Toi aussi à ce que je vois. Toujours là. A moins que tu ne sois que de passage ? » Baissant mon regard, secouant doucement on visage, les deux mains posées sur ce banc "Je ne suis pas de passage non.. J'ai du mal à quitter la ville" Pourtant, beaucoup de choses pourraient me pousser à m'éloigner, trop de souvenirs. C'est à la fois bon, tout comme mauvais. L'incapacité de laisser mon père peut-être? "J'ai mon travail ici.. j'ai repris la maison d'édition de ma grand-mère" Dis-je avec un large sourire sur mes lèvres tout en reportant mon attention sur lui à nouveau. Une question me brûle les lèvres, la curiosité certainement, bien que ce soit une chose qui ne me regarde certainement pas, je préfère ainsi la garder pour moi "Que t'est-il arrivé de beau depuis le temps?" Préférais-je demander.

Même si au départ, me retrouver à nouveau face à lui me paraissait un brin étrange, je suis cependant ravie de pouvoir recommencer à discuter en sa compagnie. D'un autre côté, sa compagnie m'a manquée, c'est un fait, il était avant tout un excellent ami à moi avant cette histoire et ces derniers temps, retrouver une bonne compagnie comme lui est la bienvenue. Il m'avoue alors être toujours en ville, tout comme moi, il éprouve un certain mal pour quitter la petite ville. J'y suis ancré autant que lui, j'ai beau avoir dans l'idée de changer d'air, je n'y arrive pas, c'est compliqué à décrire. « De beau ? On m'a proposé un gros contrat, dans un magazine de New York. » Je suis surprise, je l'observe avec de grand yeux, un grand sourire sur mon visage "Mais c'est génial ça!" Son travail plaît et est reconnu, c'est un beau tremplin pour lui. "Je savais bien que tu finirai par percer dans ce milieu" J'ai toujours eu de l'espoir le concernant, il a du talent, c'est normal. « Sinon, rien de bien spécial, mis à part le travail qui va plutôt bien, rien n'a réellement changé dans ma vie. » Rien de plus à dire, il s'est principalement concentré sur son travail de toute évidence « Et toi alors ? » J'esquisse un petit sourire en l'observant "Rien de trop intéressant, j'ai un travail, je vis chez mon père.." Je l'observe du coin de l’œil "Ça peut paraître ringard... mais c'est un besoin.." Pourquoi donc? Je baisse les yeux avant d'enchaîner doucement "J'ai perdue ma sœur et j'ai eu une période... compliquée" J'ai très mal vécue cette période de ma vie "Mais aujourd'hui ça va beaucoup mieux, je profite de la vie" Dis-je d'un ton un peu plus joyeux.

J'ai toujours cru en lui, je savais bien qu'il finirait par percer un jour, d'ailleurs, il se souvient encore que je n'avais pas hésité une seule seconde à lui répéter bon nombre de fois « C'est vrai que tu me le disais souvent… que j'allais percer, avant, faut croire que tu avais raison » Je rigole, ajoutant en suivant "J'ai toujours raison voyons" Je disais cela pour rire, car je suis loin de toujours avoir raison sur tout, j'ai fait pas mal de boulettes dans la vie et c'est surtout sur mes propres décisions que j'avais bien souvent torts. J'explique ensuite ce qui se passait dans ma vie actuellement, revenant bien entendu sur la disparition de ma sœur, ce qui a été un des événements marquant de ma vie et l'un des plus douloureux aussi, j'ai eu beaucoup de mal à m'en remettre et Mylo n'a pas été la seule personne que j'ai repoussée à cette époque-là. La douleur m'avait faite faire des choses stupides. Je pense que le fait d'avoir repoussé Mylo faisait partie de ces choses-là, mais hey, ce qui est fait est fait. Il me prend alors la main, j'observe celle-ci avant de reporter mon attention sur son regard « Je ne peux qu’imaginer comment tout cela a été dur pour toi. » Il en a été témoin, il a pu facilement se rendre compte que cela n'allait pas  «Je suis content que tu ailles mieux Ariel, vraiment » J'esquisse un sourire, serrant sa main dans la mienne, un peu de réconfort ne fait jamais de mal "C'est ce que j'aime chez toi, quand bien même, tu m'as toujours soutenue" Sauf quand j'ai pété mon câble et tout le reste, j'avais tout cassé. "Je pense quand même me trouver un appartement dans les jours à venir, c'est mieux" Et puis, bon, je ne pouvais pas toujours passer mon temps à me réfugier chez mon père "Même si je sens que mon père ne sera pas tout à fait d'accord avec ça" Je penche mon visage sur le côté, grand sourire "Tu le connais.." Il n'a pas changé, toujours le même père sur-protecteur avec sa fille, encore plus depuis la perte de ma sœur jumelle.

Ariel et Mylo

« J’ai toujours raison voyons ». Tu ne peux pas t’empêcher de rigoler face à la réflexion d’Ariel. Finalement, c’était « facile » de rediscuter avec elle, c’était un peu comme si rien ne s’était passé, ou que ses années ne s’étaient pas écoulées sans que vous vous voyez. C’était étrange un peu, mais tu étais à la fois content que cela fasse cet effet. Tu ne sais pas si pour elle c’est la même chose… en tout cas, elle te parait plutôt à l’aise à discuter avec toi. « C’est ce que j’aime chez toi, quand bien même, tu m’as toujours soutenue. » Tu souris à sa phrase, elle a raison sur ce point aussi tu penses, tu as toujours été là pour toi, tout comme elle l’a été pour toi quand tu en avais besoin. « J’ai fait de mon mieux du moins. » Lui dis-tu en souriant légèrement. Tu ne sais pas si c’est mieux ou pas de se trouver un appartement. Il y a de nombreuses personnes qui habitent toujours avec leurs parents, et souvent par choix. Tu sais que toi, tu n’avais pas vraiment voulu rester chez tes parents. Ils sont supers, tu te le dis toujours, mais tu voulais avoir ton indépendance. Et avoir son propre appartement cela te permettais d’être indépendant. « Même si je sens que mon père ne sera pas tout à fait d’accord avec ça. » Son père est très protecteur, tu l’as déjà rencontré quand tu étais avec Ariel, il a toujours voulu le meilleur pour ses filles, et a toujours voulu les protéger. Peut-être que tu seras pareil toi, quand tu auras des enfants. « Le plus important Ariel, c’est ce que tu veux toi. Ce dont tu as besoin. Si tu as envie de prendre ton propre appartement. Faut que tu prennes une décision qui te permette de te sentir bien. » C’est vraiment pour toi la chose la plus importante. « Et ton père… il s’en remettra, t’inquiètes pas. » Au fil du temps, les parents s’y habituent, puis ce n’est pas comme si elle parait à l’autre bout de la terre.